Cher tonton,
Toute petite déjà, je devinais ta grande sensibilité et percevais chez toi un côté à la fois solitaire et mystérieux... Je suis persuadée que, malgré tous tes silences parfois, les nombreuses marques de tendresses et mains tendues de tes frères et sœurs aimants, entre autres, ont su réchauffer ton cœur jusqu'à ce que tu prennes précocement ton envol.
Repose en paix dans la demeure du Seigneur.
Voici (illustré d'une photo prise aujpird'hui) un poème, certes un peu sombre et empreint de tristesse, mais qui me fait néanmoins beaucoup penser affectueusement à toi :
"Vous parler ?" (de Sabine SICAUD, 1913-1928)
Vous parler ? Non. Je ne peux pas.
Je préfère souffrir comme une plante,
Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.
Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las
D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.
Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.
Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire
Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.
La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire ?
Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.
Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.
Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille.
Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.
On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ?
Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient
De n'entendre ce soir nulle parole vaine.
J'attends - comme le font derrière la fenêtre
Le vieil arbre sans geste et le pinson muet...
Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait ?
Qu'attendent-ils ? Nous l'attendrons ensemble.
Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être...